lundi 2 mai 2011

Arantzazu : Aloña par monts et par vaux

Randonnée autour d'Arantzazu ,lieu magique du Gipuzkoa,dans les fins fonds de la région d'Oñati ,l'ancien comté des Guevara qui l'administrèrent jusqu'au début du XIX siècle.

Vingt deux ans  à fréquenter ses alentours et toujours une résonance nouvelle à chaque fois .

L'année dernière, nous avions parcouru en style " francs-tireurs pyrénéens" (FTP) l'intégralité de l’arête menant d'Urtagain à Goialdea aux portes de Zegama ,traversant les sierras d' Aloña et Aitzkorri ,passant en revue les dix huit ou vingt proéminences de cette cordillère.
Droit dans les pentus et tir au cordeau des lignes entre les sommets.
Près de 2000m de hauts et bas pour 23km de sentiers casse-pattes à travers les lapiès.
Cette traversée n'a pas encore été postée sur ce blog .
Elle constitue pourtant une des plus belles d'Euskal Herria.
Un jour viendra ....en attendant contentons nous de ce schéma

Aujourd'hui, il ne sera pas question de sommets arides et pelés,mais de fonds de vallées à ambiance amazonienne,de canaux d'amenée ,de rivières qui se perdent entre les roches,de cavernes au porche résonnant ,d'ermitage rupestre,de cels entourés de murs sans fins,de chemins taillés dans la roche,de hêtraies et châtaigneraies centenaires et mystérieuses,de bains d'eau sulfureuse,de caserios à taille imposante, d'abeilles autochtones (apis mellifera meliffera), de paysages paisibles,de sentes incertaines,de croix et autres pierres sculptées des bords des routes,de ponts porteurs de légendes ,de fleurs rares,.......
Bref une randonnée à la fois culturelle et sportive aux paysages incessamment renouvelés dont les changements de direction et de pente laisseront les mollets ramollis à la fin de la journée.
Tout commence sur le parking de la basilique.
Face aux proéminences d'Aitzabal, Bellostegi,Erbizaskun,Gazteluaitz ,ce lieu d’apparition mariale est des plus magiques, suspendu au dessus de parois abruptes.
Il y a du Montserrat là dedans.
Nous descendrons la vertigineuse paroi par un chemin taillé, raide mais débonnaire pour rejoindre le rio Arantzazu 150m plus bas, où règne une atmosphère tropicale humide , où pousse une végétation luxuriante  contrastant en cela avec les plateaux ventés et dégarnis des hauteurs d'Aloña et d'Aitzgorri.
Le passage est dénommé "paseo de los gentiles"...tout un programme.
Le cheminement nous mènera , après avoir passé le moulin d'Akuegi,  à Gesaltza dont la perte souterraine constitue la tête du réseau karstique de Gesaltza-Jaturabe-Arrikrutz.
Les dimensions de cette perte sont impressionnantes.
Le porche atteint bien les cinquante mètres de hauteur.
La longueur des galeries avoisinent les quatorze km pour une profondeur de 140 m.
Jaturabe constitue le point bas du réseau ,où résurgent toutes les eaux du bassin d'alimentation drainant les sierras d'Aloña, Zaraia et Artia, en limite d'Alava.
Au bord du rio 'Arantzazu se trouvent les grottes Txintxin et Aizkirri d'où ont été extrait des restes d'animaux du Haut Pléistocène (-130000 à -11000 ans)  tels lions,panthères,ours,hyènes ,témoins d'une période, pour les incrédules ,où le Pays Basque était un pays aride et sec et où régnait un climat subsaharien.

Nous nous arrêterons aussi à Arrikrutz ,lieu de convergence du chemin de Calahorra  (chemin des pèlerins) et celui d'Oñati à Ortzaurte (par Arantzazu et Urbia).
Un agenouilloir en pierre marque le croisement des chemin
Il faudra jeter un œil sur les ponts d'Irukosoro et Zubi Lehor en s’excentrant du parcours initial.
Nous continuerons ensuite vers la maison d'accueil de la grotte d'Arrikrutz (vitrine et panneaux explicatifs)
La réceptionniste est très sympathique et nous lui promettons une prochaine visite.
Nous allons rejoindre le canal de Jaturabe (moulin et cascade) qui nous mènera jusqu'à Barrenetxe en deux kilomètres environ.
Ici nous abandonnerons ce parcours facile pour reprendre la marche vers Urruxola (église et arbre)
Nous prenons ensuite la direction d'Estañolua plein Est.
Une petite pause sera nécessaire pour visiter la source d'eau soufrée qui fut naguère utilisée pour soigner les maladies de peau.
Direction ensuite Urruxola Garai.(col)
Nous emprunterons le chemin en partie détruit d'Aitzgain où se trouve le réservoir des eaux récupérées sur la sierra d'Urkilla.
Le sommet d'Orkatzategi est à un jet de pierre.
Panoramique exhaustif des régions d'Onati,Arrasate et Durango.Besaide s’apprécie parfaitement.
La vue vers l'Est est fermée par Aitzgorri ,six cent mètres au dessus de nous et au sud par le chainon occupé par le parc éolien de Saiturri,Artia,Zabalaitz.
Nous sommes au point le plus à l'ouest du parcours.
Le retour passera par l'incontournable grotte d'Aitzulo aux trois entrées spectaculaires dont une donne dans le vide des falaises éponymes.
Quelques vautours frôlent par curiosité cette fenêtre surplombante.
Nous redescendons sur Araotz et le quartier Zubia.
Le village Araotz pourrait constituer une visite à lui tout seul.
Les références historiques n'y manquent pas.

On retiendra surtout  le caserio Lopena où naquit le conquistador rebelle et sanguinaire Lope de Aguirre (relaté dans un film culte de ma génération de Werner Herzog ,Aguirre ou la colère de Dieu) et  le caserio Agerre Garaikoa, lieu de naissance du général Francisco Elorza , père de la recherche minière et de la métallurgie moderne espagnoles qui modernisa les gisements andalous et asturiens (Trubia) dont il fit  la première fabrique d'armes du pays.

Visite aussi obligatoire à l'école d'escalade parmi les plus réputées d'Europe ,celle, où naquit la légende de Josune Bereziartu,la première femme a avoir passé le 9ième degré.
l'école d'Araotz compte des voies jusqu'au 8c+ où même les 4c sont des "couennes".
Que soit rendu hommage ici à Rikar Otegi,Fernando Martin,Joxean Mulas,Manu Beriain,Miguel Mulas et consorts,gardiens du temple et de l'éthique d'Araotz où le septième degré est la base de toute entrée sur les parois.

Continuons le retour par les hameaux de Madina et d'Arrola.
Les caserios sont de dimensions imposantes.
Peu de bâtiments agricoles en tôle n'ont défigurés les paysages.
On a l'impression de redescendre les siècles.
Les hêtraies et châtaigneraies abondent.
En hésitant un peu ,on se retrouve à la croix de Lopitzen haitza.
Il doit bien avoir un échappatoire pour rejoindre le "paseo de los jentiles" au pied d'Arantzazu.
Qu'importe ce sera pour une autre fois.
La descente par la vallée de Billotza nous permettra de suivre le vol du percnoptère d'Egypte
(alimoche,emazte xuri) au milieu des falaises de Bellostegi et d'Aitzabal.
Nous évoquerons ici l'odyssée du curé, défenseur des fors de Bizkaia et du Gipuzkoa ,Santa Cruz qui se réfugia dans ces falaises lors d'une de ses fameuses fuites ( idem la "cueva del curat" à Izpiste) avec ses guerilleros errants.
Nous retrouvant au pied du monastère, une montée raide mais courte nous ramènera au parking où nous finirons cette boucle hautement instructive et variée par la visite du monastère.

ARANTZAZU 
(suffixe  basque "zu" : signifiant "abondance de" et  arantz : l'épine)

Arantzazu prend forme vers 1470 quand un humble pasteur des ces hauteurs trouve une image de la vierge sous un épineux.Un classique de apparition dirons nous.
Très vite le lieu sera aménagé en ermitage,église puis couvent jusqu'à l'établissement définitif des franciscains dans les années 1500.
Arantzazu devint la maison mère de l'ordre en Euskal herria et sa réputation dépassa les mers surtout vers l' Amérique latine.
On ne compte plus les prédicateurs,professeurs ou musiciens formés sur ce centre pendant trois siècles.
Ce succès ne fut pas du gout de tout le monde : guerres et crises politiques mirent un frein à son développement.
Incendie du couvent (1834) lors de la première guerre carliste et fermeture du cloitre en 1840...
Arantzazu fut abandonné jusqu'en 1880.
Puis en quelques années, Arantzazu vécut une surprenante renaissance.
La vierge y fut couronnée en 1886 et nommée en 1918 "Patronne du Gipuzkoa" contribuant ainsi à l'envol du prénom féminin "Arantxa" un des plus usités dans le monde hispanique.
Dès 1939 ,Arantzazu devint le refuge et le point de ralliement  des basques pendant les périodes post-guerre civile et de la dictature franquiste.
La basilique actuelle fut construite à partir de 1950 grâce à la générosité publique.
Le projet était ambitieux ,le post modernisme était à l'honneur ,le béton armé aussi et l'école basque des arts nouveaux prête à s'offrir , au monde, une vitrine.

FJ Sainz de Oiza et L.Laorga les architectes
L. Muñoz : le créateur du retable abstrait de l'abside
E. Chillida : portes de fer
J. Oteiza : sculpture des 14 apôtres et la Piedad de la façade
X A de Eulate : les verres polychromes
Nestor Basterretxea : les peintures polychromes de la crypte.

Évidemment l'affaire ne fut pas facile.
Les polychromes de Basterretxea par exemple  furent peints en 1953 ,puis passés à la chaux sur ordre des franciscains et de l’évêque , puis repeints en 1983  différemment.
la sculpture des 14 apôtres provoqua l'ire de l’évêque ,les travaux furent stoppés ,puis reprirent après arrangements sur sa signification.
Pendant la période noire, Arantzazu fut symbole de résistance.
Elle devint le centre culturel du Pays Basque et de l'euskara alors interdit de vie publique et hors du cercle familial.
1956 : premier congrès d'Euskalzainda
1968 : congrès pour avaliser l'euzkara batua  (la langue basque unifiée)
création de la revue Jakin (culture)
acteurs connus du développement de l'euzkara :
L Villasanta ,écrivain
S Mitxelena et Victoriano Gandiaga poètes,
lexicographe et dialectologue Koldo Izagirre
et tous les frères qui furent académiciens d'Euskalzainda (académie  basque).

Aujourd’hui Arantzazu est facilement accessible en voiture .
on y vient de partout.
les motifs y sont multiples : liturgie,prière,
sports de montagne,écologie,gastronomie,tranquillité,quiétude,mythologie,art,culture,Euzkara......
mille occasions de revenir sur cet attractif massif d'Aloña-Aitzkorri..
(source : Jerardo Elorza et les Franciscains d'Arantzazu)

remerciements :
Anne ,Maddi ,Grumo  pour quelques emprunts de a-photos.
le gouvernement d'Euskadi pour la carte "Aitzkorri mendikatea" facilement trouvable sur "la red".
Urdin Elorza pour son livre "Senderos de Oñati" (2002) ,  ouvrage pluridisciplinaire très documenté sur la zone ,véritable exemple de ce que doit etre la littérature de montagne aujourd'hui.
Il faut dire que l'éditeur ,  une puissance publique (Oñatiko garapen eta turismo ajentzia),n'avait pas de soucis de rentabilité autre que de faire connaitre cette région pour son développement touristique.
Au vu du document édité c'est mission accomplie.

Arantzazu : descente au "paseo de los jentiles"
  rio Arantzazu : prise du canal d'Akuegi à Zapata
Akuegi :moulin

Gesaltza :entrée
Gesaltza:luxuriance amazonienne
 Gesaltza :galerie d'entrée
  Gesaltza
Gesaltza : à la limite de l'obscurité

  Gesaltza :gardien du porche : salamendra fastuosa
méconopsis du Pays de Galle .
 Gesaltza : géranium livide
Gesaltza :fougère scolopendre en train de se déplier
lamier jaune
 Gesaltza : ail des ours
Arrikrutz :le caserio Barrena rénové.
Arrikrutz :comité d'accueil
le pont d'Irukosoro
Araotz :les falaises d'Aitzulo,à droite le sommet d'Orkatzategi
montée au canal de Jaturabe
canal de Jaturabe :un petit air de Reñinuevo
Urruxola : détente sous le chêne ancestral
Estañokua : bainu etxea
Estañokua : source d'eau sulfureuse
Estañokua : reconversion d'une baignoire thermale
Estañokua : reconversion d'une araire
Estañokua : Aloña en fond d'écran
 Araozte : Toujours Aloña dans le dos
montée à Orkatzategi
Orkatzategi : vue vers l'Ouest ,lac d'Urkulu, en fond Udalaitz,Besaide,Anboto,Izpiste,Oriol,Aramaio,Gorbea...
Orkatzategi (874m): vue sur Kurutzeberri
 Orkatzategi : sacrée équipe et saluts princiers constipés.on cherche Pippas....
Arrasate et Mondragon surplombé par l'Udalaitz (Udalatx)
en descendant d'Orkatzategi ,la fenêtre d'Aitzulo ,la falaise aux vautours
 Aitzulo :sens sud-nord
Aitzulo : étude des dimensionnements et volumes
Aitzulo
Aitzulo
Aitzulo
Aitzulo :la grotte aux trois entrées
Aitzulo :effondrement de la voute

Araotz : cel  (saroia ,artigue,défriche) avec sa borde
Araotz :quartier Urgaran ,maison noble
Araotz : rocher d'escalade menant à l'ermitage de Sandaili
Sandaili : escalier d'accès ;la pierre creusée en auge au milieu des escaliers recueille les eaux tombées de la voute de la grotte.
Il était d'usage autrefois que les couples qui avaient des problèmes de fertilité y viennent faire quelques ablutions.
Autrement dit, on pouvait faire aussi, un tour dans la baignoire, en descendant les escaliers...
Saindaili :un air de San Adrian avec qui il est relié par une légende.

ermitage rupestre de Sandaili
Sandaili ;Saint Elias,échancrure dans la grotte
Sandaili : voute de l'ermitage.
comme dit le proverbe chinois "pour les enlever,autant trouver celui qui les a mis"
Arrola : caserio aux formes imposantes
Arrola : chemin de portage ceint de murets
Arrola :ancolies du bord des chemins
Arrola: bordure de chemin ,fleur de la famille des crucifères
Arrola : les bois mystérieux de Gallerdi
Lathrée ,la fleur champignon.
Arrola :croix du col de Lopitzen Aitza
 parcours : 28km,1330 m dénivelé,7h30 de marche

5 commentaires:

mimilulu a dit…

toujours aussi somptueux !que la nature est belle;profitez-en ,c'est un privilege

Anonyme a dit…

ateraldi xoragarria...

Anonyme a dit…

Aupa,

Les photos sont magnifiques, vous avez dû vous régaler !
Segi azkar :)
Pott

Maite

Mendiz mendi a dit…

superbe !!

Bernard D.

Anonyme a dit…

Kaixo les amis. Voici quelques photos de notre longue journée de samedi. Reportage incomplet, bien sûr, mais je compte sur vos clichés et surtout sur le blog du "Maestro" pour finaliser l'affaire. Encore Bravo et Merci à tous. Besos y abrazos; Grumo